« Le retour des beaux jours » avec Vanessa Paradis
Dans la loi des séries qui reviennent au goût du jour, il y a Vanessa Paradis qui, après un temps d’absence, revient sur scène avec un nouvel album : Le retour des beaux jours, co-écrit avec Étienne Daho et Jean-Louis Piérot.
Ce jeudi 5 décembre, j’ai la chanson « Pourtant » qui résonne en boucle dans ma tête. Un écho vieux de vingt-cinq ans, lorsque ce titre passait en continu sur les radios des années 2000.
Il est 20 h moins quatre. Aux abords de la Maison de la Radio, éclairée par une presque super pleine lune, un groupe de jeunes court avec précipitation… oui, ils se dirigent bien vers le Studio 104 pour ce concert exclusif de Vanessa Paradis.
Une sensation étrange de voyage dans le temps m’envahit lorsque l’on me remet un billet en carton où figure : « Concert France Inter Vanessa Paradis ». Comme si ce retour dans le passé se bouclait avec la même chanson, « Pourtant », toujours accrochée à mes pensées.
Une première émouvante
Vanessa Paradis est ponctuelle, rayonnante. Elle arrive dans l’amphithéâtre et ouvre la soirée :
« C’est très émouvant, car c’est la première fois qu’on joue ces chansons devant un public, et je vous remercie d’être là cette première fois ».
Sa voix sucrée, envoûtante, n’a rien perdu de sa jeunesse. Les titres du nouvel album s’enchaînent : Retour des beaux jours, Trésor, Rendez-vous, Les épines du cœur, Make you mine et Bouquet final. Un ensemble vibrant, rythmé, qui incite le public à bouger — difficile de rester parfaitement immobile dans l’amphithéâtre.
Entre deux morceaux, elle interpelle la salle : « En bas, je vous vois… Ça va là-haut ? Bon, si vous me dites que ça va. Alors ça va ». Elle se tourne vers ses musiciens, leur demande si « ça va », puis enchaîne aussitôt.
Sur scène, Vanessa Paradis se déplace, se déhanche, se rapproche de ses instrumentistes. Bruno, dans le public, souffle : « Ça fait du bien de voir des vrais instruments ». Et la scène en regorge : piano, guitare, basse, saxophone, violoncelle, flûte traversière… un véritable orchestre qu’elle aborde avec délicatesse, presque en gratitude.
Perfectionniste, elle réclame même de reprendre une chanson. Elle en explique la raison en interview face à Matthieu Conquet : « On est très verts, c’est émouvant, c’est pour ça que je me trompe », confie-t-elle, admettant être toujours sujette au trac — un trac qu’elle combat, dit-elle, en montant sur scène.
Un public toujours aussi conquis
Le public est d’autant plus touché par ces moments authentiques. Elisa Azzedine, qui voit Vanessa Paradis pour la première fois sur scène, retient son côté « très humble et naturelle ».
Archibald, professeur des écoles, confirme : « Elle est assez en communion avec son public et la salle ». Anna, directrice d’école, développe : « La Soul lui correspond le mieux, par rapport à son aisance corporelle, sa manière d’occuper l’espace. Elle a une vraie présence innocente, c’est toujours léger et romantique. Elle n’intellectualise pas ce qu’elle fait, elle est naturelle ». Fan assumée, elle dit avoir « toujours autant de plaisir à la suivre ».
Un album façonné dans le secret
Vanessa Paradis confie : « J’ai voulu faire un album très dansant. J’adore danser. Alors j’ai pensé à la scène, aux concerts, car c’est un moment de fête. Chanter et danser, ça rend joyeux et ça soigne, même si on chante mal, ça fait du bien », lance-t-elle avec humour.
Elle raconte également la lente maturation de cet album : « Sans pression, c’était tellement génial de travailler dans le secret », glisse-t-elle. Un projet mené « pendant une bonne grossesse », dit-elle en souriant, avant d’ajouter : « C’était un très beau secret, je savais que ça allait vous plaire de faire un disque avec Étienne Daho ».
Son batteur, Colin Russeil, partage cette excitation : « C’est super de transformer les chansons sur scène, après les avoir fait suer en studio… de les jouer de manière débridée et live et de voir l’évolution, c’est un bonheur ».
Confidences, potions et perfectionnisme
Moment plus intime où Étienne Daho lui demande la recette de sa potion magique. Vanessa Paradis détaille aussitôt : « Thym, romarin, citron, gingembre, clous de girofle, curcuma et du miel. Je fais bouillir le gingembre trois minutes, je laisse macérer et je mets tout le reste pour que ça infuse pendant quinze minutes. Ça fait du bien ! ». Une Red Bull au naturel qui pourrait bien expliquer sa voix de miel.
La divine idylle rend ensuite hommage à ses collaborateurs : « C’est extraordinaire de travailler avec Étienne Daho et Jean-Louis Piérot. Tous deux des perfectionnistes. J’ai rarement vu un perfectionniste comme Étienne Daho. Il connaît, il n’oublie rien. Il a tellement capté ce que je voulais pour cet album ».
La « petite blonde qui veut chanter de la Soul », comme elle se décrit en riant, évoque aussi sa rencontre avec Oxmo Puccino, qui lui a appris à dompter les outils numériques. Depuis, « je prépare ma musique autrement. Je produis certains titres, je leur donne une gueule avec GarageBand », avant de préciser : « je ne crois pas que je ferai un album toute seule, car c’est trop bon de partager ces moments avec d’autres musiciens. Partager un autre univers fait grandir votre univers » philosophe-t-elle.
Le bouquet final, et l’envie de revenir
La dernière chanson, c’est bien le « Bouquet final ». Le public, conquis, savoure cet aperçu privilégié d’un retour sur scène aussi libre que vibrant.
En quittant la salle, les mélodies persistent et laissent un sourire. Il y a quelque chose de rassurant et de magique chez Vanessa Paradis. Elle, qui parle encore de « disque » et de « poussières d’étoiles », donne envie de prolonger cette atmosphère… et d’écouter le reste de l’album dans les meilleures conditions : sur CD ou en concert où elle se produit avec brio.
Un concert à retrouver le 20 décembre à 17h sur France Inter.
Daniel Latif
Photos : DL /DR