Sugababes à la Cigale : Un concert à la hauteur du mythe ?

Promotion quasi inexistante, Olympia annulé, première partie avec LUNA & Rose Gray écourtée pour cause de problèmes de son, salle aux trois quarts vide à quelques minutes du début du concert… On pouvait craindre le pire. Une malédiction semblait s’abattre sur l’un des girls band les plus emblématiques d’Angleterre.
Mais l’apparente débâcle prend fin dès les premières notes. Dès leur entrée sur scène, c’est bien l’ambiance des grands soirs qui s’installe.
Flegme britannique, chorégraphies minimalistes, lèvres pincées mais souriantes : les Sugababes ouvrent leur concert avec l’un de leurs premiers tubes, Overload, sous les acclamations d’un public qui, désormais, a rempli la salle.
La mal-addiction des Sugababes

Mutya, Siobhán, Keisha, la formation originale du groupe, se retrouve cette année pour une tournée événement, pleine de nostalgie, que beaucoup ont qualifiée en Europe de « little girls’ dream ». Et c’en était bien un.
Difficile de ne pas ressentir un certain vertige en voyant un groupe aussi emblématique dans une salle aussi intimiste, presque à portée de main. Le public ressent un certain privilège, comme si, faute d’avoir rempli la salle, nous faisions partie d’un cercle d’élus invités à partager ce moment unique.
Ce sentiment d’intimité est partagé. Car si le public savoure ce moment privilégié, le groupe aussi semble sensible à cette proximité. Même si la Cigale n’affiche pas complet, elle réunit ce soir quelques-uns des fans les plus fidèles, qui chantent chaque parole, acclament chaque harmonie et ovationnent les plus grands tubes.
L’âge d’or de la Pop adolescente

Le public est éclectique mais marqué par une forte homogénéité générationnelle. Trentenaires nostalgiques, fans de la première heure, visiblement émus de pouvoir revivre un pan de leur adolescence à quelques mètres de la scène.
À l’applaudimètre, un léger favoritisme se dégage pour Mutya Buena, membre historique du groupe depuis sa création, qui a connu et porté pas moins de cinq formations différentes des Sugababes.
Musicalement, les arrangements restent très proches des versions studio, mais portés par une énergie live indéniable. Pas de grands artifices ni de mise en scène spectaculaire : ce sont les voix qui dominent, portées par une bande-son efficace et quelques musiciens en retrait. Les harmonies sont là, précises, presque intactes, et les passages a cappella, rares mais puissants, rappellent la vraie identité musicale du groupe.
Si l’industrie les a d’abord façonnées pour correspondre à des archétypes adolescents, ce sont surtout leurs voix qui ont marqué les esprits. Blonde, rousse, brune ; calme, provocante, drôle… la richesse venait autant de leurs personnalités que de leurs identités vocales.
C’est donc avec un plaisir non dissimulé que le public retrouve les harmonies, les répartitions vocales si caractéristiques : on sait qui chante, et quand.

Les tubes s’enchaînent, couvrant toutes les périodes emblématiques du trio : Freak Like Me, Round Round, Stronger, Too Lost In You, Push The Button ou encore Red Dress, chaque chanson ravive une époque, déclenche une vague d’euphorie dans la salle, et fait défiler sous nos yeux ce que l’on qualifie aujourd’hui de « era », comme un témoignage quasi historique de l’évolution de la pop anglaise.
À l’issue de ce concert à la magie si particulière, on comprend mieux ce qu’est la (mal-) addiction à la pop sucrée des Sugababes.
Sugababes – Olympia, La Cigale – 29.04.2025
Anne-Charlotte Villate